L’expatriation ? Erwan Peigney n’en avait pas forcément fait une priorité. Mais le cœur a ses raisons… Depuis novembre 2023, l’ingénieur et chercheur diplômé de l’INSA Rennes a posé ses bagages à Washington, aux États-Unis, pour suivre sa conjointe consultante dans le domaine du spatial.
Il a décroché un contrat de post-doctorat de deux années au sein du Centre de recherche en nanotechnologie lié à l’Université du District de Columbia. De quoi étoffer le CV déjà bien fourni de cet “expérimentateur”, tel qu’il se décrit lui-même.
Attiré très tôt par le monde de la recherche, Erwan Peigney rejoint l’INSA Rennes en troisième année (L3) en 2016 après avoir obtenu un DUT en mesures physiques, à l’université de Caen, dans la ville qui l’a vu naître.
« Nous sommes une minorité à arriver en troisième année car la plupart des étudiantes et étudiants rejoignent l’école après le baccalauréat, se souvient Erwan. Mais tout est fait pour que les nouveaux élèves puissent prendre leur marque rapidement. Pour ma part, j’ai vite intégré l’équipe de handball, ce qui m’a permis de rencontrer des camarades. »
Double diplôme
Boosté par une formation d'ingénieur délivrée par de nombreux enseignants-chercheurs, Erwan apprécie les travaux pratiques en laboratoire, où il apprend notamment à réaliser des micro-puces électroniques.
Un stage chez Tokheim, entreprise spécialisée dans la fabrication de pompes à carburant pendant l’été 2017 confirme sa volonté de ne pas évoluer vers un poste d’ingénieur au profil purement industriel. L’été suivant, direction Polytechnique Montréal, au Canada. « Pendant cinq mois, je me suis retrouvé immergé dans un laboratoire académique de chimie, se souvient Erwan. Une destination idéale pour une première expérience à l’étranger ! »
Pour sa dernière année d’études INSA, il choisit de suivre un double diplôme en chimie du solide et des matériaux à l’Université de Rennes pour s’ouvrir davantage de portes, dans la perspective d’un doctorat. Suit un stage capital de sept mois au sein de Saint-Gobain Research dans le Nord de Paris, un centre de recherche spécialisé dans le domaine des matériaux de construction et de haute performance. « Je faisais partie d’un laboratoire d’unité mixte et travaillais sur des techniques de dépôt de couches minces en nanotechnologie. C’était très stimulant, tant sur le plan scientifique que social, dans une équipe très jeune. J’ai adoré ! »
Dépôt de brevets
Fort de ses compétences, le jeune Normand a alors toutes les cartes en main pour réaliser son rêve de doctorat en chimie des matériaux. En décembre 2019, il intègre l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB), unité mixte de recherche du CNRS, de l’Université de Bordeaux et de Bordeaux INP.
« J’étais toujours sur l’aspect nano et revêtement mais cette fois avec l’emploi de fluides supercritiques. J’ai pu travailler en collaboration avec la branche recherche d’un grand équipementier aéronautique. Je faisais donc de la recherche pour une application industrielle dans un environnement académique, le projet parfait en tant que futur ingénieur-chercheur. »
Grâce au développement d’un procédé spécifique pour protéger des pièces aéronautiques qui s’oxydent à très haute température, Erwan dépose même deux brevets. Brillant.
Électronique moléculaire
Après avoir soutenu sa thèse en décembre 2022, Erwan s’offre une pause bien méritée avant de rejoindre au printemps suivant son épouse à Washington D.C. aux États-Unis. Dans le cadre de son post-doctorat, il travaille sur l’électronique moléculaire, une nouvelle alternative aux circuits en silicium conventionnels qui ont atteint leurs limites de miniaturisation.
« C’est très intéressant, conclut le jeune homme qui se dit très épanoui dans sa nouvelle vie. Je n’ai jamais rencontré autant de gens. C’est parfait pour progresser encore en anglais. » À terme, il aimerait revenir à la frontière entre recherche académique et industrie, histoire d’œuvrer pour une application concrète.
« Comme disait Hippolyte Taine : on voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées. Je suis heureux que l’INSA m’ait forcé à découvrir le monde. C’est probablement durant cette période que j’ai le plus évolué socialement, personnellement et culturellement. C’est donc tout naturellement que je continuerai à me mettre en difficulté dans le futur. » Pour Erwan, tout sera donc question d’opportunités.
Portrait publié en novembre 2024
Le site web du Groupe INSA recense toutes les spécialités proposées par chaque école du Groupe INSA. Au total, ce sont plus de 80 spécialités réparties dans sept grands domaines disciplinaires.